Le bourdon et la thérapeute

J'ai été serveuse, animatrice, vendeuse, j'ai fait des ménages, j'ai enseigné l'art, la morale, la religion, j'ai programmé des séminaires, j’ai assisté des professeurs.

J'ai appris beaucoup. Et j'ai détesté chaque emploi dont j'ai eu la charge. Chaque boulot m’a donné le sentiment étouffant que mon temps de vie m'était volé. L’argent que je recevais en échange ne soulageait en rien cette impression sourde d'inutilité, d'être malgré moi prise dans une mauvaise plaisanterie, une farce cruelle et dépourvue de sens.

Dans l’espoir d’aller mieux, j'ai commencé une formation de thérapeute. Je ne pensais pas vraiment en faire ma profession.

Un jour, à la fin d'une journée de travail, j'étais assise dans le tram, la tête vide, lorsque j'ai perçu un mouvement inhabituel. C'était un bourdon qui volait entre les passagers. Certains, comme moi, ont vaguement levé la tête avant de retourner à leurs rêveries ou à leur écran. Une dizaine d'arrêts plus loin, le mouvement est réapparu dans le champ de ma conscience. L'insecte était toujours là. Juste en face de moi, il frappait la vitre, cherchant une issue, se fatiguait, s'élevait le long de la paroi pour retomber ensuite, s'épuisant sans résultat dans une danse pathétique. Je l'ai observé un long moment avant de réaliser l'évidence. Ce bourdon allait mourir.

Une grande tristesse m'a envahie. Une grande tristesse pour tous les êtres vivants qui s'épuisent jusqu'à la mort pour survivre dans un environnement qui n'est pas le leur. Alors je me suis levée. J'ai marché jusqu'au bourdon. Il s'est immédiatement hissé sur ma main. Ensemble, on a attendu l'arrêt suivant. Quand les portes se sont ouvertes, il s'est envolé.

En revenant à ma place, un homme m'a souri. J'ai été envahie d'une joie immense. Et tout mon corps a retrouvé sa cohérence.

Ce jour là, je suis devenue thérapeute.

A tous ceux qui veulent changer de voie: prenez des risque, osez devenir celles et ceux que vous êtes!

Et merci à tous les bourdons!

  • Mariane Mendels Flandre

 Inspire expire

Nous respirons de notre naissance à notre mort. J'entends souvent des personnes dire d'elles-mêmes qu'elles respirent mal. Bien évidemment, la respiration n'est en elle-même ni bonne ni mauvaise. La façon dont nous respirons répond en fait à la nécessité de sentir ou de le pas sentir notre vécu émotionnel. L'oxygène qui circule dans notre corps nous met en contact direct avec notre ressenti présent et avec nos mémoires corporelles.

Notre inconscient créer des stratégies d'une efficacité redoutable pour éteindre le feu de ce qui nous fait souffrir. On l'en remercie! Le problème advient lorsque cette souffrance trouve sa voie d'expression, et elle la trouve toujours, tôt ou tard, par le biais de dysfonctionnements tels que la dépression, la maladie ou la perte de sens existentielle, car à anesthésier ce qui nous fait mal, on insensibilise aussi ce qui nous lie à la vie, ce qui, et oui, nous inspire.

Respirer de façon consciente ne permet pas de "gérer" nos émotions, comme le suggère de nombreuses méthodes. Elle permet de contacter et d'accueillir notre vécu émotionnel et d'observer la façon dont ce vécu est alimenté par notre mental, c'est-à-dire, par nos croyances, nos jugements et nos projections.

Nous rendre conscient de notre respiration, c'est s'offrir la capacité d'être pleinement qui nous sommes.

  • Mariane Mendels Flandre

Les enfants n’ont pas de sexe

 Il y a quelques temps, une maman m'a demandé conseil à propos de l'âge idéal pour avoir "la conversation" sur la sexualité avec nos enfants. Ma réponse à été simple: il n'y en a pas. Cette conversation unique et décisive, emplie de malaise et de métaphores ne devrait pas avoir lieu.

Pourquoi?

Parce que parler simplement à nos enfants dès leur petite enfance de leur venue au monde est essentiel à leur construction identitaire. Les informer à propos de sexualité de façon "dédramatisée" est le meilleur moyen de créer un climat familial de confiance et la meilleure méthode de prévention contre les abus sexuels.

Contrairement à l’idée véhiculée par l’idéologie dominante dans laquelle nous avons grandi, il n’existe pas de dichotomie entre sexualité et innocence. Apprendre à les réconcilier pourrait être une voie d'apprentissage précieux pour les petit(e)s et les grand(e)s.

Un livre essentiel à ce propos: "Prévenir, détecter et gérer les abus sexuels subis par les enfants" de Gérald Brassine

 Dans le faire. Dans l'être

On oppose souvent ces deux façons d'être au monde. Dans les milieux spirituels, le faire est souvent dévalorisé au profit de l'être. C'est un "bien entendu". Faire, c'est pour les personnes qui ne sont pas. Pas conscientes, pas en chemin, pas éveillées. Pour les fourmis laborieuses, les esclaves de la consommation, les incapables de percevoir le vrai sens de la vie.

Alors que l'être! L'être, c'est la conscience éveillée, la présence à soi, la libération de l'ego et de son cortège de souffrance. Et on sent bien qu'il y a quelque chose de plus élevé, de plus grand, de meilleur. Parce que...parce que quoi en fait?

Définir l'être est une tâche ardue. Les philosophes s'y emploient depuis des siècles. On dénigre le faire par opposition à la contemplation. C'est ce que signifie le terme "théoria". Contempler, c'est ce soustraire à l'action sur le monde parce qu'il a été établi que la matière est inférieure au monde pure de l'esprit.

Il s’agit d’une tradition de pensée datant de l’Antiquité. Elle pèse lourd sur nos épaules encore aujourd’hui. La thérapie psycho-corporelle considère qu’ il n'y a pas de hiérarchie discriminante entre l'esprit et le corps. Ils sont une seule et même chose. L'action est valorisée en tant qu'elle permet de transformer le monde. Un jour à la fois, un acte à la fois.

Avec amour,

Mariane Mendels Flandre